Résumé :
Qu’y a-t-il de commun entre le coup d’Etat de Pinochet au Chili en 1973, le massacre de la place Tiananmen en 1989, l’effondrement de l’Union soviétique, le naufrage de l’épopée Solidarnosc en Pologne, les difficultés rencontrées par Mandela dans l’Afrique du Sud post-apartheid, les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami qui dévasta les côtes du Sri Lanka en 2004, le cyclone Katrina, l’année suivante, la pratique de la torture partout et en tous lieux – Abou Ghraïb ou Guantànamo – aujourd’hui ?.
Tous ces moments de notre histoire récente, répond Naomi Klein, ont partie liée avec l’avènement d’un « capitalisme du désastre ». Approfondissant la réflexion militante entamée avec son best-seller No Logo, Naomi Klein dénonce, dans La stratégie du choc, l’existence d’opérations concertées dans le but d’assurer la prise de contrôle de la planète par les tenants d’un ultralibéralisme tout-puissant. Ce dernier met sciemment à contribution crises et désastres pour substituer aux valeurs démocratiques, auxquelles les sociétés aspirent, la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation. Remarquablement conduite et documentée, cette histoire secrète du libre marché, qui dessine une nouvelle éthique de l’investigation journalistique, s’affirme comme une lecture indispensable pour réévaluer les enjeux des temps présent et à venir, vis-à-vis desquels les citoyens du monde portent, ensemble, une responsabilité impossible à déléguer .
Résumé :
Dans ce témoignage inédit, le lanceur d’alerte Christopher Wylie nous raconte comment l’utilisation des données personnelles de dizaines de millions de personnes et des opérations de manipulations mentales menées à grande échelle ont permis à Donald Trump d’accéder au pouvoir, et au Brexit de l’emporter lors du référendum britannique. Wylie a été le premier à dénoncer les pratiques de la société pour laquelle il travaillait, Cambridge Analytica, et à pointer du doigt Facebook, WikiLeaks, les services de renseignement russes et des hackers du monde entier qui ont participé, plus ou moins activement, à ces opérations dont les conséquences politiques et géopolitiques nous concernent tous.
En partant de son histoire personnelle et de ses idéaux – Christopher Wylie est de tous les combats progressistes depuis son jeune âge –, le lanceur d’alerte décrit son arrivée à vingt-quatre ans dans une entreprise anglaise chargée par le Ministère de la Défense britannique de combattre le fanatisme religieux qui sévit en ligne. Mais rapidement, cette stratégie d’utilisation massive de données est détournée pour des buts politiques et Cambridge Analytica, puis son bureau des Opérations Américaines sont créés. Collecte de données, analyse de profils psychologiques, création et propagation massive de contenus : une véritable arme de guerre tombée entre les mains de l’alt-right.
Mindfuck ne révèle pas simplement les dangers de l’hyper-connectivité et des données personnelles utilisées par des entreprises privées, ce livre expose au grand jour les stratégies pour orienter le vote de millions de citoyens via des campagnes de communication ultraciblées qui ébranlent le libre-arbitre de chacun mais également les piliers de nos démocraties. Ce document de première-main est aussi sensationnel que stupéfiant, un manifeste qui changera définitivement notre regard sur le monde numérique.
Résumé :
Depuis plus de dix ans, Mainstream est devenu le livre de référence des études sur les industries culturelles, les médias et le numérique. Avec cet ouvrage, le terme « mainstream » (dominant, populaire) est entré dans la langue courante et le concept de « soft power » a été révélé.
À travers les blockbusters, les best-sellers, les hits ou les réseaux sociaux, une bataille mondiale pour l’influence culturelle et digitale est en cours. De Hollywood à Bollywood, de la Chine à l’Afrique subsaharienne, du Mexique au Japon, cette enquête sans précédent a été menée sur le terrain dans trente pays pendant cinq ans. Dans toutes les capitales de l’entertainment, Frédéric Martel analyse le jeu des acteurs, les logiques des groupes et suit la circulation des contenus sur les cinq continents. À l’âge numérique, tout s’accélère.
Mainstream raconte cette nouvelle guerre globale de la culture et des médias. Best-seller inattendu, le livre a été traduit dans une trentaine de pays – il est lui-même devenu « mainstream ».
Résumé :
Lobbyistes au service d’une entreprise ou d’un secteur industriel, PDG de transnationales dont le chiffre d’affaires est supérieur au PIB de plusieurs des pays dans lesquels elles sont implantées, instances quasi-étatiques dont les réseaux tentaculaires se déploient bien au-delà des frontières nationales : toute une cohorte d’individus —qui n’ont pas été élus, ne rendent de comptes à personne et ont pour seul objectif d’amasser des bénéfices– est en train de prendre le pouvoir et d’orienter en leur faveur des décisions politiques majeures, qu’il s’agisse de santé publique, d’agroalimentaire, d’impôts, de finance ou de commerce.
Ces usurpateurs s’ingèrent dans les affaires du monde à coups de financements et de renvois d’ascenseurs, s’infiltrent dans les Nations unies et, sous la houlette de Davos, œuvrent pour un monde à leur image. Ils décident du contenu de traités commerciaux stratégiques, qui se négocient dans le plus grand secret mais toujours sous l’œil attentif des représentants du secteur privé.
Cette clique entrepreneuriale tient les citoyens ordinaires sous sa coupe et ne s’embarrasse guère de l’intérêt public et du bien commun. Il est grand temps de les arrêter.
Résumé :
La tentation d’un pouvoir autoritaire dans la France de 2019 trouve ses racines dans le projet économique du candidat Macron.
Depuis des décennies, la pensée néolibérale mène une guerre larvée contre le modèle social français de l’après-guerre. La résistance d’une population refusant des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu’ailleurs, et au maintien de plus en plus précaire d’un compromis social. À partir de la crise de 2008, l’offensive néolibérale s’est radicalisée, dans un rejet complet de tout équilibre.
Emmanuel Macron apparaît alors comme l’homme de la revanche d’un capitalisme français qui jadis a combattu et vaincu le travail, avec l’appui de l’État, mais qui a dû accepter la médiation publique pour » civiliser » la lutte de classes. Arrivé au pouvoir sans disposer d’une adhésion majoritaire à un programme qui renverse cet équilibre historique, le Président fait face à des oppositions hétéroclites mais qui toutes rejettent son projet néolibéral, largement à contretemps des enjeux de l’époque. Le pouvoir n’a ainsi d’autre solution que de durcir la démocratie par un excès d’autorité. Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l’épuisement de la société doit provenir son obéissance.
Résumé :
Manuel d’économie critique (et optimiste !) à l’attention de tous ceux et celles qui veulent comprendre et agir dans le monde d’aujourd’hui.
Hypercapitalismeexplique comment l’économie moderne, en portant aux nues la loi du marché, en privatisant à tout crin, menace le développement de l’humanité, la justice sociale et la planète tout entière. Avec humour, Larry Gonick, cartoonist renommé, et Tim Kasser, professeur de psychologie, montrent aussi comment remettre la notion de bien-être au coeur de nos échanges.
Résumé :
Les années 1997-2002 furent celles du » tournant sécuritaire « , marqué par la surenchère électorale sur le thème de l’insécurité. Mais, depuis 2002, la France est engagée dans une véritable » frénésie sécuritaire « , qui n’a fait que s’aggraver depuis l’élection présidentielle de 2007.
Chasse aux étrangers sans papiers, internement prolongé d’adultes et d’enfants en zones de rétention, multiplication des infractions et des sanctions, remise en cause de la justice des mineurs, atteinte à certaines libertés au nom de la lutte antiterroriste, pression croissante du pouvoir politique sur les magistrats, explosion de la population carcérale, mais aussi abandon de la police de proximité, recours croissant au fichage, à la vidéosurveillance et à la biométrie, montée en puissance des technologies et des doctrines d’origine militaire.
Les auteurs de ce livre, spécialistes reconnus dans leurs domaines, décryptent les facettes de cette frénésie, ses origines idéologiques et sa mise en scène médiatique. À partir de leurs recherches, études et enquêtes, ils montrent qu’elle ne répond pas à la demande de sécurité des populations et alertent sur l’avènement possible d’une nouvelle » société sécuritaire « .
Résumé :
La logique d’accumulation du capital pourrait constituer une menace pour la démocratie. Telle est la thèse développée par Thomas Piketty dans Le capital au xxie siècle. D’où sa proposition finale : un impôt mondial sur le capital. Son ambition n’est pas de transformer radicalement le capitalisme mais de corriger les distorsions de distribution patrimoniale provoquées par cette logique.
2Le premier versant de l’ouvrage concerne la dynamique d’accumulation du capital. Il éclaire d’abord l’évolution du ratio entre la valeur courante du stock de capital (incluant les infrastructures, le capital productif, le patrimoine immobilier et financier, etc.) et le revenu national. Piketty pense pouvoir identifier une « loi fondamentale » : sur le très long terme, le ratio capital/revenu serait égal au ratio taux d’épargne/croissance réelle. Au cours des deux derniers siècles, le rendement du capital est ainsi souvent largement supérieur au taux de croissance réelle. Piketty en conclut que les détenteurs du capital peuvent s’enrichir bien plus rapidement que le reste de la population, notamment les salariés, dont le travail est l’unique source de revenus.
3Que l’on n’attende pas ici une « reprise » de l’ambitieux programme de Marx, Weber ou Polanyi : la logique économique d’accumulation, chez Piketty, reste largement autonome par rapport à la « superstructure » que constitue la sphère politique. Le social-politique agit sur l’économique (via la guerre ou la politique fiscale) mais uniquement sous la forme de chocs exogènes qui perturbent, sans la remettre en cause, une logique inaltérée sur le long terme. Autre sujet d’étonnement : le rendement « pur » du capital diminue depuis les années 1950 au Royaume-Uni et en France (p. 318), atteignant même en 2010 son plus bas niveau depuis 1770. Sur quels éléments objectifs s’appuyer pour en déduire qu’il devrait à présent augmenter ? Ou qu’il ne peut pas poursuivre sa chute en dessous de 4 % ? L’ouvrage ne fournit pas de théorie explicative et se contente de renvoyer à la littérature académique issue de l’école néo-classique nord-américaine dont les limites sont pourtant bien connues.
4L’autre versant de l’ouvrage concerne les inégalités de revenu. Le clivage social ne se situe plus uniquement entre détenteurs du capital et détenteurs de la force de travail, mais aussi entre salariés. Plus précisément, entre les super-cadres dont les rémunérations ont explosé (à des vitesses variables selon les pays) et le reste de la population salariale. Aux États-Unis, l’ancienne dualité entre un Nord égalitaire et un Sud esclavagiste se reflète aujourd’hui à travers une structure originale des inégalités : en 2013, le pays est moins inégalitaire en termes de patrimoine que l’Europe de 1913, mais affiche de plus grandes inégalités de revenus. Est-ce dû à l’écart grandissant de maîtrise du progrès technologique, au déclin des taux d’imposition supérieurs sur les revenus, à un dysfonctionnement de la gouvernance des entreprises [1][1]Cf. Gaël Giraud et Cécile Renouard, « Limiter les écarts de… ?
5Quoi qu’il en soit, la concentration des richesses patrimoniales repart à la hausse depuis quelques décennies : aujourd’hui, dans les huit pays étudiés, le décile supérieur détient 60 à 70 % des richesses ; le centile supérieur, 20 à 30 %. La moitié basse ne dispose d’à peu près aucun patrimoine, comme ce fut le cas dans le passé, tandis que les 40 % « inférieurs » de la moitié haute du spectre patrimonial détiennent 20 à 30 % de la richesse. Ce dernier aspect est, selon Piketty, le fait marquant du xxe siècle : l’apparition d’une classe moyenne patrimoniale, inexistante jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Mais l’ouvrage invite à se garder de toute généralisation hâtive : les inégalités de patrimoine en France, par exemple, sont encore loin en 2010 de leur niveau à la veille de la Première Guerre mondiale ou en 1810. Cette enquête me semble comporter deux points aveugles : le rôle de l’énergie dans la croissance et le crédit. L’auteur est conscient que, sans transition énergétique, un continent aussi dépendant des énergies fossiles que l’Europe ne connaîtra plus la croissance. Mais il n’en tire pas de conclusion de politique économique, prenant pour une donnée la prévision (optimiste ?) d’une croissance mondiale molle de 1,5 % par an. Faute d’une véritable théorie de la croissance, l’ouvrage n’est pas en mesure d’aborder les immenses questions liées à la décroissance ou à une croissance sélective en lien avec la transition énergétique, étroitement liées pourtant à celle de la répartition future du capital.
6La première « loi fondamentale » suppose que le montant de l’investissement global soit identique à celui de l’épargne : le rôle joué par le crédit dans la constitution de l’investissement disparaît de l’analyse. Ce n’est pas la moindre difficulté d’une enquête entièrement dédiée au capital. Quant à la création monétaire, seule celle des banques centrales est examinée. La création monétaire ex nihilo par le crédit bancaire est pourtant, soulignait Schumpeter, un ingrédient essentiel de la croissance et de la distribution des revenus (donc des patrimoines). Le plus sûr moyen de lutter contre le déséquilibre grandissant dans la répartition du capital ne consiste-t-il pas à contrôler la source de création monétaire : les banques centrales, et surtout les banques de second rang ? Là où l’impôt sur le capital envisage la question après coup, une fois la captation des richesses réalisées, la reprise en main par la collectivité du pouvoir de création monétaire [2][2]Cf. G. Giraud, Illusion financière, Éd. de l’Atelier, 2013… l’aborde ex ante : en définissant les bénéficiaires de la manne monétaire, elle détermine qui sera en mesure de capter le patrimoine.
7En quoi Le capital au xxie siècle permettra-t-il à la social-démocratie de renouveler son cadre de pensée ? Sans doute l’aidera-t-il à s’extraire de l’ornière où Anthony Giddens (et avec lui l’état d’esprit Blair-Jospin-Schröder) l’avait laissée s’enliser. Contre Giddens, le travail de Piketty permet d’illustrer que, décidément, l’égalité des chances n’est pas un concept de justice sociale pertinent : il existe des inégalités de revenus et de patrimoine et celles-ci sont en train de s’aggraver. L’égalité des chances est un concept darwinien qui, dans le fond, conduit au maintien, puis à l’aggravation, du statu quo en assimilant le jeu social de la distribution des richesses à une loterie équidistribuée. « Vous êtes pauvre ? Vous aviez votre chance, pourtant… » À quoi Piketty répond qu’il y a des forces, parfaitement déterministes, sous-jacentes à la dynamique du capitalisme, qui conduisent à la concentration des richesses. L’utopie, utile, d’un impôt mondial sur le capital fournit-elle un horizon politique pour le xxie siècle ? Le drame de la social-démocratie a consisté, pendant les Trente Glorieuses, à se contenter de réfléchir aux conditions de redistribution des fruits de la croissance. Une fois celle-ci devenue atone, à partir des années 1980, beaucoup se sont rendu compte qu’il leur manquait une histoire et une théorie de la croissance. En refusant, au fond, de s’intéresser à ce qui rend possible la croissance, Piketty perpétue l’idée implicite que le creusement des inégalités de revenus primaires est une donnée intangible, corrigible qu’après coup. Ne convient-il pas d’abord de s’interroger sur les ressorts de la distribution primaire des revenus ? Ne faut-il pas renoncer, enfin, à la maximisation du Pib comme impératif politique ? Et mettre les capitaux, financier, immobilier, productif, naturel, social… au service d’une prospérité sans croissance ?